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Portraits de Femme

L’histoire des couturières françaises

Les femmes n’ont pas dit leur dernier mot !

Choisis-moi vous propose de découvrir un super documentaire sur le travail des ouvrières du textile à travers ces derniers siècles. Cet article fait suite au reportage diffusé sur France 3 dont vous trouverez le lien à la fin. Dans cette formidable rétrospective intitulée « Le siècle des couturières », vous allez découvrir la place de la femme dans la société par le biais des ouvrières textiles. Les couturières ont habillé la France à toutes les époques, elles ont accompagné tous les moments de nos vies (naissance, baptême, mariage etc…) mais ces femmes ont été exploitées pendant des décennies. Sans relâche, elles se sont battues pour leurs droits et leur dignité. Elles représentaient juste de la matière à travailler et pendant un siècle, elles sont restées invisibles mais leurs savoir-faire ont fait de la France et de Paris, le pays et la capitale de la mode.

Avant la révolution industrielle, toutes les grands-mères savaient coudre. Les mères et les filles tissaient, filaient le fil, la laine et le coton. Elles ont développé des savoir-faire uniques dans toutes les régions. La couture était une activité de première nécessité et un travail de plus, à faire après les travaux agricoles.

La révolution industrielle, est-ce une avancée pour les femmes ?

La révolution industrielle va bouleverser la vie de ces femmes. Ces femmes qui savent coudre, quittent la ferme et vont dans les usines pour un nouveau monde prétendu meilleur mais la réalité est plus que brutale. Elles découvrent l’univers de l’usine qui est un enfer, un bruit impressionnant, une poussière omniprésente et des cadences infernales. Avec les nouvelles technologies, le travail n’est plus une question de force physique, les hommes et les femmes sont égaux face à la machine. En 1850, l’industrialisation à marche forcée pousse les paysans à aller vivre dans les villes qui se développent donc rapidement et c’est le début de l’exode. Par exemple à Roubaix, la population sera multipliée par 10 en quelques années. Avec toutes ses usines, la ville sera surnommée « la ville aux mille cheminées ».

Les gens sont entassés dans des quartiers ouvriers sans eau et sans électricité. Les habitations sont des nids à vermine et à maladies. Les enfants sont dans la rue. Roubaix deviendra la ville la plus pauvre de France, au point de dire qu’une manufacture produisait autant de fils que de pauvres. Les filles succèdent à leur mère devant le métier à tisser, qu’elles le veuillent ou non, pas le temps d’aller à l’école. Les études sont réservées aux garçons. D’ailleurs, le code civil de l’époque considère les femmes comme les enfants mineurs, elles sont sous la tutelle du père ou du mari. Le salaire de la femme est considéré comme un complément du revenu de celui de son mari. Elles ont le même statut que les enfants et sont donc sous-payées (le travail des enfants sera interdit en 1874).

Les femmes font un travail que la société leur impose de faire. Elles n’ont pas le droit à la parole même pas auprès des syndicats qui considèrent que leur travail fait tirer les salaires des hommes vers le bas. Les femmes sont indéfendables et ces syndicats pensent que la place de ces dernières est de rester à la maison.

Fin du XIXème siècle : la femme, le travail à la maison, la religion et le patriarcat

Rester à la maison ? Cette idée arrive en France en même temps que la machine à coudre de la marque Singer.

La machine à coudre Singer permet au femme de travailler de la maison. Elles réalisent les vêtements du dimanche et peuvent commencer de petites productions. C’est la double peine, elles doivent également assurer l’entretien de la maison (ménage, cuisine, éducation des enfants…). Elles sont également obligées de se soumettre aux exigences du mari et du patron. Un système fortement imposé par la pratique de la religion. Comme il n’existe pas de politique sociale, les patrons vont s’en occuper, c’est la naissance du système paternaliste avec la création des premiers logements sociaux qui comportent des toilettes dans la maison, un jardin et l’usine tout près du domicile. L’église catholique pousse très loin le système en créant une sorte d’enfermement et d’exploitation des femmes dans des « couvents usines » comme « Les Soieries Bonnet » dans l’Ain.

Qu’est-ce qu’une midinette ?

À cette époque, on compte jusqu’à 80 000 couturières parisiennes qui travaillent dans leur mansarde et qui confectionnent pour les plus grandes marques. Elles sont payées à la pièce. On les appelle les midinettes car elles font dinette à la pause du midi. Elles sont loin de leur famille et sont des proies faciles avec souvent peu d’argent. Lorsqu’elles se retrouvent au chômage, elles tombent dans la prostitution. La midinette devient le symbole de l’érotisme…

Dans les maisons de haute couture, la discipline règne et elles feront la réputation de la mode parisienne. Les femmes les plus audacieuses trouveront dans la couture un moyen d’émancipation et pourront devenir patronne comme Coco Chanel. Elles feront de la couture l’instrument de leur révolution comme Herminie Cadolle qui inventera le soutien-gorge pour libérer les femmes du corset (découvrir l’histoire du corset). Enfin (et il était temps), les femmes vont pouvoir devenir puissantes et indépendantes.

La Première Guerre mondiale : les femmes sont finalement très utiles et la main d’oeuvre étrangère aussi !

Cette guerre rend les couturières indispensables pour confectionner les uniformes et remplir les usines d’armement mais les salaires ne changent pas, elles sont toujours moins payées que les hommes. En 1917, les midinettes manifestent, toutes les ouvrières vont les suivre et elles gagneront la semaine anglaise.

Oui, c’est grâce aux ouvrières du textile que nous avons nos week-ends. À la fin de la guerre, il faut repeupler la France. Une nouvelle main d’oeuvre arrive : polonaise, russe, italienne, portugaise… Les hommes sont destinés à la mine et les femmes au textile.

Sainte Catherine, la couture et les Années folles

De 1920 à 1929, ce sont les Années folles, une parenthèse enchantée et de libération totale. Les midinettes osent préférer le célibat et le travail à la maternité. C’est l’époque des Saintes Catherine, la couture sans la Sainte Catherine n’est pas la couture.

La tradition depuis le Moyen-Âge veut que tous les 25 novembre, les jeunes filles encore célibataires mettent une coiffe ou un chapeau sur les statues de cette sainte afin qu’elle lui trouve un bon époux. Depuis 1920, le caractère ludique de cette fête demeure et Sainte Catherine ne patronne plus seulement les filles en manque de mari mais également la mode. Dans ce Paris des Années folles, les midinettes mènent le bal. Les gens n’ont pas d’argent mais ils s’amusent…

Krach boursier et revendications des femmes

1930, la fête est finie ! C’est le krach boursier, un séisme mondial, les ateliers de couture ferment les uns après les autres. En quelques semaines 300 000 ouvrières se retrouvent au chômage sans indemnité car les syndicats ont toujours écarté les revendications des femmes. Le Parti communiste leur tend la main. Au printemps de 1936, c’est le Front populaire. Toutes les usines se mettent en grève (il n’y avait pas les mêmes lois et les mêmes droits qu’aujourd’hui). Les femmes inventent des formes de luttes joyeuses et elles obtiennent le travail à l’heure ainsi que les congés payés.

La Seconde Guerre mondiale et la mode

Arrive la Seconde Guerre mondiale, l’argent n’a pas d’odeur, plusieurs industriels du textile collaborent avec l’ennemi. À Paris, la mode souffre. Les grandes maisons de couture ont fermé. Malgré tout, le mythe de la Française élégante (Comment être élégante ?) persiste et traverse les frontières.

La guerre est finie, l’industrie textile explose

En 1947, c’est le grand réveil de l’industrie textile, le développement est foudroyant. Le système paternaliste reste la norme. Mr Boussac, collaborateur pendant la Seconde Guerre devient l’homme le plus riche de France. C’est le premier employeur de la vallée de la Moselle. Il va financer la création d’écoles, de crèches et d’équipements sportifs. C’est un paternalisme sociale pour justifier des salaires très faibles et fidéliser ses salariés (les colonies Boussac à Noirmoutier).

Années 50, 60 et 70, conditions de travail, émancipation et prémices de la fast fashion

Dans les années 50, une révolution venue d’Amérique arrive… C’est la fabrication à la chaîne en grandes séries. Une tâche répétitive, rien à voir avec la couture. Mais la couture coûte cher, seul le prêt-à-porter apporte la promesse à cette nouvelle société de consommation d’avoir un vêtement accessible financièrement. Dans les années 60, les femmes veulent une indépendance financière pour ne plus dépendre des parents et du mari. Le travail est toujours difficile. Des solidarités existent mais rarement avec les hommes car les filles d’usine ne sont pas fréquentables. Elles sont prises pour des filles faciles, les mains baladeuses et le harcèlement sexuel sont « monnaie courante ». Fin des années 60, la concurrence devient mondiale. Les cadences augmentent avec des chronométreurs derrière les ouvrières, les mots productivité et rentabilité rythment les organisations et les ateliers. On commence à parler de dégraissage. Les conditions de travail sont infernales, la colère gronde jusqu’à l’explosion en mai 68. En 68, c’est un grand coup d’oxygène pour les femmes, l’heure est à l’émancipation. Elles existent enfin !

Le Smic augmente de 30% et elles pensent à autre chose que de travailler et de garder les gosses à la maison. Il faut aller vite très vite pour consommer et trouver des loisirs. La marque Dim propose le collant à 2 francs, on l’achète, on le porte, on le jette… La fast fashion est néée pour satisfaire une nouvelle forme de consommation et de façon de vivre. Mais à ce prix, l’ouvrière française est trop chère. Le secteur textile invente la délocalisation. L’industrie textile coule, les usines ferment, le chômage explose !

Les années 80 : rêves et désillusions pour le secteur textile

Avec l’arrivée de François Mitterand au pouvoir en 1981, les ouvrières du textile nourrissent de grands espoirs mais la descente est brutale. Le secteur de l’habillement est sacrifié pour maintenir les autres secteurs. Ces autres secteurs qui emploient des hommes car la femme est toujours secondaire contrairement aux gueules noires et aux métallos. Les industries textiles disparaissent les unes après les autres. Direction l’Asie pour les machines et restent sur le tarmac, nos ouvrières textiles. Roubaix, l’ancienne capitale mondiale de l’industrie textile devient la plus pauvre de France avec 43% de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Pendant un siècle, les femmes se sont battues et elles ont assisté impuissantes à la disparition de leur outil de travail.

Dans les années 90, les inégalités se creusent avec d’un côté la fast fashion et de l’autre, le luxe réservé aux riches.

Comment redonner aujourd’hui au textile français son panache ?

Une nouvelle génération reprend le flambeau avec une véritable envie de défendre le savoir-faire français et cela avec de nouvelles matières écologiques, avec des modes de production vivables, avec une envie de fabriquer moins mais mieux comme les marques : 1083, la Gentle Factory, le Slip Français, Hoppal, Broussaud, Archiduchesse, les Jupons de Louison… et bien évidemment Choisis-moi.

On croyait les couturières disparues, gagnées par la mondialisation et pourtant avec la crise sanitaire, le consommer local reprend tout son sens (découvrir l’influence de la crise sanitaire sur le made in France). Les couturières n’ont pas dit leur dernier mot et reviennent en force. Si vous partagez avec nous ces valeurs que sont le savoir-faire et la production française, alors n’hésitez pas à offrir ou vous offrir un modèle Choisis-moi (découvrir tous les modèles).

Collection Choisis-moi, fabriquée exclusivement en France.

Si vous souhaitez en connaître un peu plus sur nos couturières françaises, voici le lien du film sur France 3, disponible jusqu’au 06 mai 2022.

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2 thoughts on “L’histoire des couturières françaises

    1. Bonjour,
      Je viens de rechercher ce documentaire et malheureusement il n’est plus disponible. Si je le retrouve, je ne manquerai pas de vous en informer.
      Bien à vous,
      Sylvana
      Créatrice de Choisis-moi

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